Qui parle donc ?

“Qui parle donc, la nature ou les hommes ? En eux-mêmes les faits sont muets, les forces naturelles sont des mécanismes bruts.“ Bruno Latour “Nous n’avons jamais été modernes“

du 19 au 29 novembre 2019, 14h-18h  Théâtre des Quatre Saisons,

Parc de Mandavit, Gradignan

> Plus d’information sur l’événement

> Résidence FACTS, université de Bordeaux

 

Qui parle donc ? est une installation art-science qui donne à imaginer la manière dont le végétal perçoit son environnement. Elle présente, à la fois, les recherches scientifiques en cours sur les capacités d’écoute du végétal et la manière dont l’art peut actualiser le regard que nous portons aux plantes.

Accueil « naturaliste ». Photo Ariane Ruebrecht. DR

Concept de l’installation

De nouvelles études dévoilent que l’étendue du spectre perceptif des plantes est vaste. Elles sont capables de percevoir d’autres entités vivantes, comme les bactéries ou les champignons, leur environnement physique (gravité, lumières, sons), ainsi que leur propre posture, leur état de santé. Ces découvertes récentes nous amènent à repenser l’univers du végétal et nous confrontent à notre anthropocentrisme.

Cette installation s’ancre dans une volonté de retranscrire la richesse et la finesse des mécanismes perceptifs permettant à la plante de vivre en s’adaptant à son environnement. Pour cette raison, deux chercheurs, Frédérick Garcia et Adelin Barbacci, ont travaillé avec des artistes, afin de donner à voir un nouveau regard sur le végétal.

La particularité de cette exposition provient du fait qu’une multiplicité de compétences s’est réunie. Des spécialistes de la biomécanique, des systèmes d’apprentissage, un preneur de son audio naturaliste, des programmeurs, des spécialistes des arts, de la lumière et des sons… ont tous oeuvré à construire cette installation art/science.

Nous vous présentons donc une exposition écrite et créée à plusieurs mains qui invite le public à porter un autre regard sur le monde végétal qui nous entoure.

L’installation

Nous avons fait le choix de créer trois espaces.

Cage de Faraday où la plante est soumise à un stimulus mécanique. Photo Sylvie Chambonnet. DR

1- Celui du laboratoire, présente une première expérience dans laquelle nous mesurons la réponse électrophysiologique d’une plante, protégée par une cage de Faraday, exposée à divers stimuli tels le vent ou le son.
Une autre expérience aborde le compromis entre gravitropisme et thigmotropisme des racines (tropisme lié à une stimulation tactile). Le son de l’eau déviera-t-il la croissance des racines des plantes au cours de l’exposition ?

2 – Comme un murmure, l’espace “entre“ propose l’écoute des sons naturels et symbolise notre relation aux plantes dans le cheminement de la ville.Il nous permet de transiter vers l’installation artistique.3 – Le troisième espace est le lieu de l’interprétation artistique des recherches “en train de se faire“. Nous avons pris le parti de provoquer l’hétéroperception et de placer le spectateur à la place de la plante. Le public est ainsi invité à passer d’un monde humain à un monde où il devient étranger.Dans cette partie, passer le sas de la cage de Faraday, nous invite à changer l’échelle de nos perceptions pour entrer dans l’univers du végétal.Dans la partie artistique, successivement et selon différents scénarii, le visiteur est plongé dans trois états distincts.
Le premier de ces états repose sur la notion de bruit. Le bruit représente le réel, où chaque être vivant interprète des signes et signaux pour constituer son propre monde perceptif.

Expérience sur déplacement des racines en relation avec le son. Photo Sylvie Chambonnet. DR

Le deuxième, qui peut surgir à tout instant, correspond à la notion de surveillance. Le contrôle, la mesure, la surveillance, témoignent d’une volonté humaine de penser que tout peut être maîtrisé, contrôlé, prédit, mesuré.Le troisième état, général, en synchronisation avec l’espace “entre“, propose différentes séquences sur le thème de l’eau, du vent, du vol des oiseaux, de sons empruntés à la forêt sibérienne, mais tous entendus de façon imaginaire, du point de vue de la plante.Enfin, les sons de l’électricité émergent régulièrement dans l’espace, rappelant qu’hommes et plantes utilisent l’électricité pour transmettre l’information dans leurs organismes.Passage entre la certitude et l’incertitude, le spectateur est invité à progresser vers différents bacs de plantes auxquels sont associées différentes questions. Le premier bac, questionne l’observation.
Qui est observé par qui ? L’étude du monde végétal/animal n’est-elle pas que la projection de l’homme ? Observer le monde ne revient-il pas à s’observer soi-même?Le deuxième bac aborde le monde perçu à un niveau macroscopique par la plante. Comment se perçoit-elle, comment un son perçu par l’homme peut-il être perçu par la plante ? C’est l’échelle de la plante qui est ici jouée sachant que celle-ci possède des capacités poly-sensorielles.

Mouvement imperceptible pour l’œil humain. Photo Edwige Armand DR

Le troisième bac questionne la temporalité des plantes. Elles bougent mais dans un espace-temps invisible pour l’œil humain. Le rapport au temps, à ses mouvements sont autres. Ainsi des chronophotographies sont réalisées pour montrer ses mouvements imperceptibles pour l’œil humain. Entre les lumières, les multiples points de vues proposés, les écrans, les sons, le spectateur est invité à découvrir une représentation, jusque-là inexplorée, du monde des plantes, tout en questionnant notre volonté de contrôler le vivant. Et comme chercher à comprendre le vivant c’est accepter la “fin des certitudes“ nous avons joué sur une diversité de scénarios pour créer une tension d’imprévisible.

E. Armand, A.Barbacci, T. Besche, Y.Duthen, F.Garcia

 

Qui parle donc ? / l’équipe

Chercheurs :
Frédérick Garcia (MIA), Adelin Barbacci (LIPM), Inra Toulouse.
Yves Duthen (REVA-IRIT Capitole 1 Toulouse)
Myriam Desainte-Catherine (LaBRI, Scrime) Bordeaux INP.
Conception et création :
Edwige Armand, arts plastiques, conception et écritures.
Thierry Besche, conception, écriture du son.
Julien Rabin, conception, sons électroniques.
Fernand Deroussen, prise de son audionaturaliste.

Réalisation :
Mathieu Chamagne, développement informatique multimédia.
Thomas Breton, développement informatique.
Cédric Cambon, réalisation lumière et dispositif de commande.
Thibaud Keller, SCRIME, gestion des scénarios (OSSIA-Score).
Gaël Jaton, SCRIME, capteurs et développement électronique.
Pol Perez, électro-plasticien, dispositif n°1 et n°2 de la partie labo, robot.
Basile Robert, grande cage de Faraday et bac.
Théo de la Hogue, artisan numérique, robot.

Qui parle donc ? / les partenaires

Une co-production de Passerelle Arts Sciences Technologies, des laboratoires MIA et LIPM de l’INRA de Toulouse, du laboratoire REVA de l’IRIT, Université Toulouse Capitole 1 et du SCRIME-LaBri/Université de Bordeaux.
Avec le soutien du Conseil régional Occitanie, du Ministère de la Culture (DREST), de FACTS, festival arts et sciences de l’Université de Bordeaux dans le cadre de l’IdEx, avec le soutien de la région Nouvelle Aquitaine, et en partenariat avec le théâtre des Quatre Saisons de Gradignan.

Remerciements à la société diptyque audio  (Montauban) pour les haut-parleurs plans haute-fidélité.